“On fait de la techno-nature. C’est un petit garçon qui nous a dit ça.” Entretien avec Makoto San
Vous faisiez quoi samedi soir ? Si vous n’étiez pas à Bon Moment, vous avez raté Makoto San. Le groupe a emporté le public dans une univers hybride mêlant tradition et modernité. Quatre musiciens mystérieux muets et masqués, accompagnés de leurs instruments traditionnels en bambou, sur de la musique électro. Petite discussion.
Quel est votre lien ?
On est potes, on s’est croisés dans nos études. On avait déjà d’autres projets ensemble.
Vous avez fait quoi comme études ?
Conservatoire ! Après on a bossé dans des styles différents. Il y en a qui ont travaillé avec un monsieur qui jouait avec des instruments traditionnels, et deux autres qui ont fait de l’électro.
On fait de la techno-nature. C’est un petit garçon qui nous a dit ça.
Comment vous définissez votre genre et pourquoi ces instruments ?
Il y a un petit garçon qui nous a dit que c’était de la techno nature, c’est grave intéressant. L’idée c’était d’avoir la résonance du bambou. L’homme avec qui on a bossé jouait de ces instruments. On trouvait ce son très pur, et il se mélange bien à l’électro. Donc on a eu l’idée de réunir les deux univers. Pour les instruments la plupart viennent d’Asie, d’Indonésie, et du Japon.
On a remarqué que vous aviez un chat au milieu de la scène, est-ce que c’est une référence à la culture asiatique, ou vous êtes superstitieux ?
(rire) superstitieux, elle est pas mal ! C’est juste un délire entre nous. On ne l’a pas baptisé car on le casse souvent, on le rachète à chaque fois. Il nous suit partout dans des clips, sur insta, on a eu l’idée de le mettre sur scène. On l’aime bien car il est souvent en rythme avec nous.
On a voulu dépasser les personnages.
C’est quoi vos inspirations pour écrire vos musiques ?
On avait vraiment envie de mélanger ces deux univers. L’idée c’était d’avoir le regard de l’Occident sur le Japon, d’avoir ce mélange de toute cette culture japonaise, mais dans la manière dont l'Occident la voit et tout l’univers électro, la french touch avec laquelle on a grandi.
D’ailleurs, pourquoi ce masque ?
On voulait dépasser les personnages. On n’avait pas envie que ça soit facile pour les gens de nous identifier. On n’avait pas envie de mettre des visages, pour qu’ils nous définissent français ou autres mais de semer le doute, ça marche bien les gens ne savent pas qui on est. Ce sont des masques d'escrime, on voulait ramener la culture française. Bien sûr, il y a toute la musique qu’on écoute qui vient se greffer à notre univers mais les deux gros blocs ce sont la musique asiatique et l’électro.
Le masque est arrivé tout de suite dans votre univers ?
Il est arrivé rapidement. Le projet est très jeune, il a été créé juste avant le confinement.
Ça n’a pas été trop dur de garder un projet dans une période aussi compliquée ?
Il a fallu trouver une manière d’exister sur internet. Nous, à la base, on voulait surtout faire du live. C’est pour ça qu’on est très content de revenir en concert !
Pour vous, c’est quoi la définition de la première pluie ?
Pour moi, c’est un peu l’espoir, la découverte d’un enfant sous sa première pluie, tout est à découvrir, les sensations… Chez nous on ne la connaît pas trop, on a tendance à l’attendre.
Pour vous, c’est quoi un bon moment ?
Un bon moment, on le trouve tous les soirs quand on est sur scène. Un bon moment c’est quand tu réfléchis plus, que tu es juste sur scène à l’instant présent. À ce moment-là, il se passe quelque chose de fort à l’intérieur. Des bons moments, il y en a plein dans la vie, mais quand on fait de la musique, c’est très pur, c’est encore plus fort. Un bon moment c’est quand tu es justement dans le moment.
Parfois, il y a des moments un peu magiques comme ce soir, où il y a la pluie juste avant, on a eu un problème de panne on se dit « ça va être compliqué », et puis finalement avec l’énergie de tout le monde on est à fond. La difficulté nous a permis de vivre un meilleur concert, on a dû se remobiliser, pour pouvoir se recentrer, et retrouver l’énergie.
par Eloise Dave et Marie Tissot
Durant toute la durée du festival, le collectif Première Pluie s’empare de Splash, le blog de L’Autre Canal.
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Photo portrait : (c)Benpi