Cette année encore, L’Autre Canal a répondu présent à l’appel à projet « Les Fabriques à musique » de la SACEM, en collaborant avec le lycée La Malgrange de Jarville. Cette fois, ce sont les élèves de terminale, en option musique, qui ont eu l’opportunité de travailler aux côtés de l’artiste nancéienne Hayel. Ensemble, ils ont exploré l’écriture, la composition et l’interprétation musicale au cours d'ateliers pratiques. Entretien avec Cécile Ngo, enseignante en musique accompagnée de ses élèves ayants participé au projet.

Comment êtes-vous devenue partenaire dans cette action culturelle avec L'Autre Canal ?

Nous travaillions déjà depuis longtemps avec L’Autre canal sur d’autres projets très variés, et nous avons fait la demande pour la mise place d’une Fabrique à chansons. Nous en avions déjà entendu parlé. D’une manière générale, L’Autre canal a un champ d’action culturelle tellement varié, que cela nous permet de concrétiser des projets très différents.

Quelles ont été les étapes principales de votre collaboration avec L'Autre Canal ?

La première étape a été un rendez-vous pour faire la demande, l’année précédant le projet. En début d’année scolaire, nous avons rencontré Lorraine Gasser, chargée d’action culturelle, et l’artiste Hayel pour établir un rétroplanning et fixer les dates d’intervention en classe. En janvier, les élèves ont visité L’Autre Canal, une découverte pour certains. En février, Hayel est venue en classe pour se présenter musicalement, partager son parcours et échanger avec eux sur des thèmes et mots inspirants. L’écriture des paroles s’est déroulée sur plusieurs séances, suivie de la composition de la mélodie et des arrangements pour différents instruments. Après plusieurs répétitions générales, les élèves ont eu la chance de se produire en direct lors du festival Bon Moment, organisé par L’Autre Canal en mai. Une expérience enrichissante qui leur a permis de jouer dans des conditions professionnelles.

Selon vous, quels sont les apports principaux de cette action pour les participants ?

Les apports principaux sont la découverte du métier et de la démarche de création d’une autrice-compositrice. Cela a aussi permis aux élèves de connaître une Scène de Musiques Actuelles très active. Les élèves ont appris à aller chercher les idées, que la composition représente beaucoup de travail et de temps, et que ce n’est pas inné. Ils ont appris qu’ils étaient aussi capables, à leur âge, de créer une chanson, et ont acquis grâce à ce projet un peu plus de confiance en eux. Certains ont appris à dépasser leur timidité. Le travail de groupe dans les compositions leur a aussi permis d’apprendre à travailler à plusieurs dans un même objectif.

Pensez-vous que ces actions culturelles répondent à des besoins spécifiques des publics ciblés ? Si oui, lesquels ?

Oui, les actions culturelles sont variées, ce qui permet de s’adapter à tout type de public, et l’accompagnement de Lorraine Gasser sur ces projets permet d’affiner leur réalisation pour être au plus près des besoins de chacun. Les besoins auxquels répondent les actions culturelles peuvent être la découverte des métiers liés à la musique, les questions techniques, des questions de pratiques artistiques, les questions plus administratives. Depuis quelques années, l’offre en actions culturelles s’est diversifiée.

Questions aux participant·es

Qu'est ce qui vous a motivé à y participer ?

• « Ce qui a motivé ma participation à ce projet c’est son aspect concret, ça été de pouvoir créer une chanson de mes propres mains. Que ce soit créer une mélodie, trouver des paroles... Mais aussi pouvoir à la fin de l'année jouer cette même composition devant un public et donc avoir un aperçu de ce que pouvait être la « scène. »»
• « Ce qui m’a motivé à participer à cette action est que l’on a pu s’investir dans une création de chanson de A à Z, alors on a appris l’écriture de paroles et la composition de la musique. Cela m’a permis de découvrir comment développer des sentiments à travers des paroles. Ce qui a été motivant a été aussi l’optique des répétitions, de concerts et de futures opportunités musicales que l’expérience de création peut permettre. »
• « Ce qui a été motivant c’était de voir les différentes étapes pour voir comment une musique se construit. »
• « L’Autre Canal m’était inconnu, je ne m’y étais jamais rendu avant la sortie en option. Je voulais découvrir l’endroit et les différentes thématiques sur l’événementiel. »

En quoi cette expérience a-t-elle changé votre regard sur la culture ou la création artistique ? 

• « Avec ce projet mon regard sur la création artistique a changé : je me suis rendu compte qu’écrire des paroles était une vraie discipline et qu’on pouvait galérer en cherchant le mot juste. Mais ce projet m’a aussi ouvert les yeux sur l’étendue des métiers liés à la création artistique, avec derrière les artistes des intermittents du spectacles, des personnes chargées de la communication... »

• « Cette nouvelle expérience a changé mon ressenti face à la culture musicale. Je me suis sentie plus proche des perceptions que l’on cherchait à faire passer grâce aux paroles. »

• « Je ne pensais pas que l’écriture et la composition d’une musique soit si complexe. Je savais qu’il fallait beaucoup de temps et d’imagination mais le fait de le faire est beaucoup plus impressionnant de ce qu’on imagine. L'expérience d’écrire est vraiment une expérience remarquable mais en même temps très amusante. »

• « Personnellement, je ne pensais pas que les artistes mettaient autant de temps à écrire surtout pour le style de musique abordé. L’écriture était un processus solitaire mais finalement cela se déroule comme une « boîte à idées. »»

Qu'avez-vous appris en participant à cette action ? 

• « J’ai principalement appris comment écrire des paroles : que ce soit par l’écriture automatique, sans réfléchir, ou avec les mises en commun des différentes idées trouvées avec les autres membres de notre groupe. Après pour ce qui est de la composition pure de la musique, je n’y ai pas vraiment pris part étant donné que je n’avais pas énormément de connaissances dans la composition musicale. Néanmoins, voir comment une artiste conçoit ses mélodies a été plutôt instructif, notamment dans la manière qu’elle avait de continuellement prendre du recul sur sa création. De plus ce projet m’a permis d’apprendre à mieux communiquer avec les autres participants du projet, et par conséquent de confronter nos différents points de vues. »

• « J’ai appris comment se fait la création d’une chanson , mais aussi une cohésion de groupe, qui est devenue cruciale pour l’invention de paroles ainsi que la composition musicale. Je pense que le projet nous a tous rapprochés car on a pu se découvrir les uns les autres, nos façon différentes de voir la musique, le monde, et nos diverses idées, tout cela dans le respect de l’opinion de chacun. »

• « Pendant l'expérience, on a pu découvrir toute la difficulté de l’écriture des paroles. Il faut déjà avoir un thème, une idée... C’est des recherches intellectuelles sur longues durées même hors des temps de travaux en groupe. De plus, cela nous a permis de travailler en petit groupe sur une seule musique, de mettre en commun différentes idées ou visions de ce qu’on prévoit dans les paroles et de s’entraider afin d’obtenir des paroles avec du sens et en accord avec le reste de l’équipe. J’ai appris qu’il y avait beaucoup d'improvisation au début comme la composition du rythme ou on l’a freestyle mais reste tout de même calculer. »

• « J’ai beaucoup plus appris au niveau de l'événementiel plutôt que de l’artistique. Après cette action ma perception de l’écriture a changé:un texte ne s’écrit pas en un jour. »

Est-ce que cette expérience vous a aidé à développer de nouvelles compétences ou aptitudes (artistiques, sociales, professionnelles, etc.) ?

• « Cette expérience permet le développement de plusieurs aptitudes, à commencer par la capacité à s’écouter, que ce soit nous-même ou les autres. En effet, les recherches de soi et la coopération entre chacun a permis une meilleure confiance de soi, mais aussi confiance avec les autres. Je pense que chacun a pu y mettre un peu de soi dans la chanson. »
• « Grâce à ce projet, j’ai pu gagner confiance en moi et développer une meilleure écoute et un esprit critique pour améliorer les travaux. La coopération de tout le monde a permis d’aboutir à des compositions où nous pouvons être fier d’avoir créer. Devoir donner son idée et même chanter devant un public n’était pas simple du tout pour moi mais grâce à ce projet, j’ai pu remarquer des évolutions sur la confiance en soi, pas uniquement de moi-même mais aussi sur d'autres personnes du groupe. »
• « Cette expérience m’a beaucoup aidée en termes de communication avec les producteurs ou les gérants de scène donc les backstages. »

Pour finir, y a-t-il un moment particulier qui vous a marqué ou touché ? Pourquoi ?

• « Il n’y a pas vraiment de moment particulier qui m’a marqué. Les sessions d’écritures ou de compositions se ressemblaient un peu toutes entre elles. Même la finalité du projet de jouer devant un public à L’Autre Canal ne m’a pas particulièrement touchée, hormis le fait qu’il y avait un petit public tout était comme les répétitions qu’on faisait avec l’option musique au lycée. »

• « Certains moments ont été particulièrement touchants, surtout quand on voit que tout le travail fourni a porté ses fruits. Effectivement, je pense que c’est lors de concerts et représentations de nos chansons que l’on peut affirmer être fier de nos efforts et de notre travail. J’ai tout particulièrement apprécié aussi les applaudissements et le soutien omniprésent du public. J’aimerais ressentir ces sentiments euphoriques que l’on reçoit à la finalité de la chanson. »

• « Le meilleur moment à mon avis, c’était le moment de montrer pour la première fois notre création en public, c’est-à-dire au festival bon moment organisé par l’Autre Canal où malgré la peur et le stresse, on a pu fièrement montrer nos compositions à des personnes qu’on ne connaissait pas. C’était une grande expérience pour une personne qui n’a jamais été devant un public. »

• « Ce moment qui m’a le plus marqué est la première session d’écriture automatique à L’Autre Canal. Cela était un moment convivial où chacun pouvait s’exprimer sans jugement. »