Le problème des gobelets à usage unique








Vous l’avez remarqué, à L’Autre Canal, vos boissons sont servies dans des gobelets en plastique à usage unique. Beaucoup nous interrogent sur ce choix qui n’est franchement pas éco-responsable. Or, si nous polluons, c’est avec le coeur lourd car nous n’avons trouvé aucune solution écologique concernant les gobelets à usage unique.
Beaucoup nous demandent pourquoi nous n’adoptons pas les gobelets réutilisables. Il s’avère que nous avions adopté ce système il y a quelques années mais nous l’avons abandonné, à l’instar de beaucoup d’autres structures et de nos partenaires.
Beaucoup d’inconvénients, peu d’avantages
Les gobelets réutilisables doivent servir au minimum sept fois pour être écologiques. Or, ils sont réutilisés en moyenne trois fois. Sans filière adaptée, leur lavage et leur séchage posent problème. Le lavage nécessite une quantité considérable d’eau et d’énergie et des soucis d’hygiène se posent vite. Ces gobelets se dégradent rapidement et dégagent un goût désagréable après quelques utilisations. Perméable aux odeurs, les gobelets réutilisables conserveront longtemps les parfums d’alcool fort comme l’anisette. De plus, beaucoup d’usagers ne les restituent pas et préfèrent les garder en souvenir. Enfin, ils se recyclent mal : utiliser le gobelet réutilisable revient à vous vendre du plastique à prix d’or pour une finalité écologique presque nulle. Nous nous y refusons.
Utiliser le gobelet réutilisable revient à vous vendre du plastique à prix d’or pour une finalité écologique presque nulle. Nous nous y refusons.
Quoique difficilement recyclable, le gobelet plastique à usage unique comporte moins de matière. Il peut être réutilisé le temps d’un événement et peut aussi être « revalorisé » en fin de vie, même si cette solution n’est pas la plus écologiquement vertueuse. Notons que son temps est compté car l’Union Européenne a voté dernièrement son interdiction pour début 2020.
Quant au gobelet en carton, sa fabrication requiert plus de ressource et d’énergie que celle de son alter-ego en plastique. Pire encore, ces gobelets comportent souvent une couche de plastique qui assure leur étanchéité. Ils sont donc non recyclables et polluent les sols et les eaux.
Beaucoup s’interrogent sur le gobelet biodégradable, par exemple en acide polylactique (PLA). S’il est compostable sur le principe, il ne l’est dans les faits qu’après traitement par une filière spécialisée. Or ces filières n’existent pas encore en France. Enfin, la monoculture des biomatériaux cannibalise des terres arables qui pourraient servir à une alimentation respectueuse de la biodiversité. Dans les faits, le gobelet compostable présente presque les mêmes défauts que le gobelet en plastique, mais il requiert en plus une énorme quantité d’énergie grise.
Quelle solution ?
Avec plus de 50 000 spectateurs annuels, un volume de commandes considérable, les problématiques de L’Autre Canal sont différentes de salles à plus petite affluence. Actuellement, nous n’avons trouvé aucune solution miracle concernant celle des gobelets à usage unique. Chaque type présente beaucoup d’inconvénients et peu d’avantages écologiques. À L’Autre Canal, nous pensons que le vrai problème est la nature même du « tout jetable » : non durable et donc non soutenable. Nous réfléchissons à cette problématique majeure mais nous avons besoin de temps et de concertation entre acteurs des musiques actuelles.
ET MAINTENANT ?
D’ici, si vous public désirez vous joindre à notre projet écologique, videz vos placards, faites honneur à cette collection de gobelets que vous n’avez jamais réutilisés et apportez-les à votre prochain concert. Nous acceptons tous les contenants ouverts qui ne sont pas en verre : corne à boire, gobeliche de votre ancien groupe préféré, seau de plage, cette vieille flûte à champagne en plastique recyclé que vous n’avez jamais osé jeter.
De même, toute proposition pour nous aider dans notre démarche écologique est bienvenue. Vous pouvez nous écrire à ecologie(at)lautrecanalnancy.fr
ERRATUM : Nous regrettions l’absence sur le territoire de filières spécialisées dans le traitement des gobelets biodégradables. Quelques uns de nos lecteurs nous ont révélé l’existence — récente — de structures de compostage industriel, par exemple à Ludres et à Toul. Nous les en remercions, nous allons considérer ces éléments. Rappelons toutefois que si le compostage industriel résout le problème de la fin de vie du gobelet biodégradable, il ne règle pas le problème principal de celui-ci : l’énergie grise de sa production.
Photo : The Garden (c)Benpi