BBCC, itw autour d'un clip incroyable
Soudain surgissant du ventre noir de l’internet, un gourou introduit les numéros d’un théâtre de fin du monde. Il s’agit du dernier clip de BBCC, groupe gravitant dans la galaxie d'October Tone. La prêche eschatologique, intitulée How the fuck did she survive the nuclear holocaust?, a été réalisée par Laura Sifi. Disons-le, en ces temps troublés, BBCC apparait aussi essentiel que les oignons sur la Flammenkueche : on leur a posé quelques questions.
Votre clip sort en même temps que la crise du covid19… est-ce un complot ?
Oui, ça fait partie du plan de com, notre attaché de presse élève des pangolins en banlieue parisienne. Ça nous a un peu échappé.
On y reconnait des personnalités strasbourgeoises comme T/O, Rachid Bowie… Coïncidence ?
Non ! T/O, en plus d’être le mec de Laura Sifi, est aussi le producteur (au sens artistique du terme) de notre nouvel album, « Altered States of Consciousness ». Atef a.k.a Rachid Bowie est l’un des « boss » du label October Tone et c’est aussi un copain, comme T/O et Laura. On s’est tous rencontrés à travers la musique et aujourd’hui on collabore sur des projets et on boit des coups aussi. Ce sont des gens très fréquentables (et brillants).
Comment est née cette idée de clip entre la prêche et le cirque post-apocalyptique ?
Laura est venue spontanément avec une idée d’ambiance pour un clip sur le morceau en question. Son idée : créer notre propre spectacle et être nos propres spectateurs. Ce sont des gens qui ont survécu à une catastrophe nucléaire et qui s’emmerdent profondément. Du coup, ils racontent leur histoire et plus largement l’histoire des hommes, présentée comme dans un cahier d’SVT un peu cheap. Le côté « conte parlé » lui a inspiré des images, des scénettes et un personnage qui tiendrait le rôle du narrateur. Une sorte de mélange entre un Monsieur Loyal et un télévangeliste habité. L’ambiance « cirque » nous a fait un peu peur au départ mais Laura nous a fait une présentation PDF aux petits oignons et on était conquis par son univers, ses références et sa vision du projet.
On trouve pas mal d’analogie entre How the fuck did she survive the nuclear holocaust? et votre micro-série Mediocracy : secte, masque, aliénation, irréalité. Est-ce un simple hasard ?
Non ce n’est pas un hasard. Je crois qu’on partage un certain goût pour le grotesque, le mysticisme et les paillettes. Les deux clips ont été tourné au même endroit en plus (j’en parle plus loin). Le premier disque s’appelait Heidentum (Paganisme en allemand) et le prochain parle d’altération de la conscience. On est un peu de la génération dont les parents étaient soit hippies soit militaires, ça doit jouer.
Pouvez-vous nous raconter le tournage du clip ?
Le tournage a eu lieu dans les Vosges, à La Croix-aux-Mines dans « La Fermette », une maison avec un petit terrain qui a permis à l’équipe d’une quinzaine de personnes de s’installer, de monter les décors et de fabriquer les costumes. Il y a eu 5 jours de préparation (sans compter l’écriture et l’organisation en amont) sur place et 3 jours de tournage, principalement de nuit. Autant dire qu’on finissait très tard tous les soirs sachant que le soleil se couche aux alentours de 22h à cette période de l’année. On a vécu en communauté pendant plusieurs jours, ça créé des liens (le pinard aussi). C’était une expérience assez dingue qu’on aimerait beaucoup revivre…
On a demandé à Laura comment elle l’avait vécu, ça donne ça : Moi j’étais en coma, vous avez plus vécu le truc que moi, mais en vrai le tournage était merveilleux et je voudrais faire ça toute ma vie.
Comment avez-vous travaillé avec Laura Sifi ?
On s’est réuni en plus petit comité à La Fermette pour discuter du projet et écrire des idées. On est parti des paroles pour essayer de raconter une histoire mais on en est vite sorti. On a juste gardé la thématique post-apocalyptique et le personnage de Eleanor et des images nous sont venues. La plupart de ses images sortent de l’esprit malade de Laura Sifi ceci dit. Pendant le tournage, tout le monde a participé à la mise en scène et même à l’écriture, ça s’est construit collectivement et on est très content du résultat. D’ailleurs, si on peut en profiter pour remercier tout le monde c’est bien, voilà, c’est fait du coup.
Avez-vous une ou deux anecdotes sur le tournage ?
Une voisine nous a appris que la maison avait été construite sur un vieux cimetière indien… Ça nous a fait marrer au début mais aux premiers jours de tournage, des gens de l’équipe ont commencé à disparaitre, on ne sait pas trop ce qu’ils sont devenus d’ailleurs. Ça parait loin tout ça. Sur une note plus légère, il semblerait qu’il se soit passé des choses dans le costume de l’éléphant. Dans le doute on l’a jeté.
Quels sont vos plans après le confinement ?
On va essayer d’organiser la release party initialement prévue en juin, on attend un peu de voir comment se passe la sortie de crise. Il s’agira aussi de trouver des dates, de décaler les résidences, etc… et on aimerait bien refaire un tournage prochainement aussi (je lance ça comme ça).