Son premier album est funky, dansant mais aussi mélancolique, interview de Romain Muller
















Romain Muller parcourt les terres du Grand Est depuis bien longtemps déjà, avec de multiples groupes dotés d'un certain sens de la danse et de la folie. Son projet personnel est sans aucun doute celui où il se découvre le plus, osant même jusqu'à "faire de la chanson", et nous donne presque envie d'employer le terme ultime d'album de la maturité pour qualifier Parallèle, son premier album à la fois dansant et mélancolique. Interview visio.
Comment est né Romain Muller ?
J’ai toujours eu des groupes mais jamais vraiment de projet solo, même si c’était moi qui composais. J’ai eu des trucs plus punk ou alternatifs, comme Posterboy Machine avec ma soeur qui composait à mes côtés, mais je crois que dans le fond j’ai toujours su que je ferai mon projet solo un jour.
Lorsque que j’ai emménagé à Metz, j’ai tout de suite réalisé que mes projets ne pourraient pas continuer avec la distance entre Dijon, Metz et Strasbourg où habitaient les différents membres. Si tu veux qu’un projet vive, faut bosser et avec la distance, moi je n’y arrive pas trop. Je me suis alors demandé « est ce prétentieux de prendre mon propre nom pour un projet solo ? », j’étais un peu mal à l’aise avec ça.
La révélation, c’est à une expo du FRAC, où une artiste (Florence Jung) avait dressé le profil d'un habitant type du Grand Est, et il s’est avéré qu’il s’appelait Muller, et la liste de ce que représentait le personnage me correspondait plutôt bien ! Avoir le nom le plus commun du grand est et faire de la pop music, musique populaire, c’est cohérent (rires), et plutôt que de chercher un nom original à tout prix, genre « Coucou citron », ba je vais prendre mon nom !
Tu travailles seul ?
Je compose tout, j’écris tout, je mixe tout, il n’y a que le mastering que je ne fais pas. Quitte à ce que ça porte mon nom, autant que je gère le plus de choses possible !
Avant ce premier album, tu avais sorti un EP…
Oui, il est sorti au tout début du premier confinement, et je me disais « c’est pas bien grave, ça va durer deux mois cette histoire » et j’ai été agréablement surpris car ça a bien été relayé dans les médias, alors que j’avais tout fait sans aide à la presse et la promo. Ces bons retours m’ont conforté dans l’idée de continuer ce projet. L’album que je viens de sortir, c’est un réel prolongement de l’EP, pas mal de morceaux existaient déjà.
Sous mon propre nom, j’ose, je fais de la chanson.
Comment est construit ton album ?
Il y a vraiment deux faces : une plus pop funky, dansante, et l’autre plus mélancolique et plus profonde. Cette seconde face représente bien tout ce que je n’osais pas faire en groupe. Sous mon propre nom, j’ose, je fais de la chanson. Ce projet m’a débridé.
Est-ce le bon moment pour sortir un album ?
C’est la grande question qui s’est logiquement posée, mais d’abord certains des morceaux auraient pu vite devenir obsolètes, et aussi, cela me permettra de tourner la page. Je me suis dit que je voulais le sortir maintenant, je n’ai pas envie d’avoir une stratégie ultra marketée qui dicte quand et comment sortir quelque chose en fonction d’opportunités… Certains des titres sont déjà composés depuis deux ou trois ans, donc ne pas sortir l’album maintenant aurait impliqué de repartir sur du nouveau et jeter l’actuel. Et puis de toutes façons, je me sens ultra productif, je sais que je suis capable d’en faire un deuxième rapidement, je ne peux pas m’en empêcher, si j’ai un synthé devant, c’est foutu (rires). La certitude, c’est que je ne changerai plus de nom.
Comment envisages-tu l’été et la saison prochaine ?
J’ai des choses prévues dont une date au Hasard ludique. Il y avait aussi un rendu de résidence prévu cet hiver avec Zikamine à la BAM à Metz, avec une scénographie toute belle, bossée avec Paolo Morvan; si tout va bien, ça devrait enfin pouvoir se faire cet été ! Et je me prépare pour les concerts, j’ai fait pas mal de résidences avec un ingé son, un ingé lumière, un scénographe,... Et sur scène, je présente les live en duo avec Axel aux claviers. Bref, on prévoit des choses, on verra !
Être assis devant ton concert, c'est gênant ?
Non, pas vraiment, j’ai de la chance que ça puisse s’écouter assis, mais de manière générale voir un concert sur une chaise, ça casse tout : un concert, c’est pas que la musique, c’est faire des rencontres, aller au bar, discuter,…
































Aimerais-tu avoir une formation plus importante sur scène ?
Je crois que ça me manque d’avoir un batteur, ne serait-ce que visuellement voir un mec qui tape derrière, c’est moins synthétique, mais ça prend de la place et faut les payer ! (rires)
Allez, je prends un batteur pour le deuxième album !
Si tu pouvais faire une collab avec un artiste de ton choix ?
Avec Dombrance : il est génial, il a été ma révélation du confinement ! Ses lives dans sa cuisine sont parfaits.
Où peut-on acheter ton disque ?
Les vinyles sont dispo sur la boutique du site de Coco Machine, et il est en écoute sur les plateformes habituelles !
Tu es également à la tête du label Coco Machine...
Ouais, je suis cofondateur du label Coco Machine, je crois que j’aime avoir ma petite indépendance. Avoir un label, c’est quelque chose qui me faisait envie depuis plusieurs années, je ne voulais pas forcément faire que des choses centrées sur moi : aider de jeunes projets, donner des conseils basés sur mon expérience, donner des outils pour développer un projet,… tout ça est assez excitant !
Plus le temps va passer, plus j’ai envie de faire ça. On est une belle équipe, on est cinq personnes, tous dans des rôles différents et on a quelques petites victoires déjà, comme le projet 2panheads en finale des Inouïs du Printemps de Bourges cette année ! Je tire une vraie satisfaction à aider les autres, au-delà de juste aller chercher des financements pour mes projets,.
Le label est intégré à La Manivelle. C'est quoi ce collectif ?
C’est un collectif de développeurs d’artistes rassemblant META , Zikamine, Kultur'a'Vibes, Eben prod et nous. On partage nos bureaux et nos expériences, on s’apporte conseils, je crois qu’une petite flamme est née ! Et tout cela, jamais très loin de la Cité Musicale, que je remercie du fond du cœur, car ils sont toujours là si on besoin !
Le mot de la fin ?
Rouvrons vite les salles, et en attendant, achetez des disques !
Propos reccueillis le 23 avril 2021
Galerie photos N&B : Benpi, à Été Indien (sept 2020)