11 morceaux emblématiques de l'histoire de l'enregistrement








« Au clair de la Lune », enregistré par Edouard-Léon Scott de Martinville, 1860
Le 9 avril 1860, Edouard-Léon Scott de Martinville enregistre la première voix de l’Histoire de l’humanité grâce à son invention, le phonautographe. Avant ceci, 35 000 ans de musique n’ont jamais pu être enregistrés.
« Poor Mourner », Cousins and Demoss, 1899
« Poor Mourner » est l’un des premiers morceaux de folklore, de surcroit afro-américain, enregistré. Jusqu’à 1925, les contraintes techniques de l’enregistrement sont gigantesques. Les musiciens doivent jouer face à un gigantesque cône, ancêtre du micro. La musique est gravée mécaniquement sur un disque de cire ou de métal souple. La perte en fréquences sonores est énorme.
« Confess », Patti Page, 1947
Faute de moyen, Bill Putnam utilise pour la première fois de façon concrète l’enregistrement multipistes qu’avait imaginé Paul Gibson. Il superpose deux lignes de chant de Patti Page, au lieu d’engager une chanteuse secondaire. Ainsi, les auditeurs sont surpris d’entendre les voix d’une seule et même personne se mêler sur un même morceau.
« Symphonie pour un homme seul », Pierre Schaeffer et Pierre Henry, 1948
Pères de la musique concrète, Pierre Schaeffer et Pierre Henry considèrent le studio comme un laboratoire. Ils en utilisent les outils pour ériger des mondes sonores nouveaux. L’écoute de l’auditeur est sans cesse interrogée par les expérimentations sur les sons, traités comme une matière.
« I Hear a New World », Joe Meek and the Blue Men, 1960
Ingénieur du son haut en couleurs, Joe Meek est pionnier dans l’utilisation du studio pour monter les sons et les colorer : saturation, compression, réverbération, échantillonnage. Il est aussi précurseur de la musique électronique. Son album I Hear a New World (1960) est la représentation d’une musique innovante tournée vers l’avenir. Joe Meek bidouille jusqu’à l’extrême les pistes studio du groupe The Blue Men : sa réappropriation est une ode spatiale à l’expérimentation électronique.
« You’ve lost that Lovin’ Feeling », The Righteous Brothers, 1964
Ce titre est considéré comme le morceau emblématique du « Wall of Sound » de Phil Spector. La patte de l’ingénieur du son et producteur consiste à superposer les différents instruments jusqu’à les rendre indistinguibles, à multiplier les prises et à utiliser sans modération la chambre d’écho pour ajouter une force et une profondeur démesurées aux morceaux.
« Tomorrow Never Knows », The Beatles, 1968
The Beatles profitent très vite de leur puissance pour innover en studio. « Tomorrow Never Knows » traduit pleinement l’effervescence créative de la fin des 60’s. L’enregistrement multipistes poussé à l’extrême, le bidouillage de bandes, le jeu sur la vitesse d’enregistrement et les voix passées dans une cabine leslie confèrent au morceau une dimension surhumaine et hautement psychédélique. Cette première prise — peu connue mais déjà surprenante par ses expérimentations — démontre la vision souvent jusqu’au-boutiste des Fab Four.
« A New Career in a New Town », David Bowie, 1977
Premier album de la trilogie berlinoise de Bowie, Low est un album de liberté. Il est enregistré par Tony Visconti qui exploite pleinement les possibilités nouvelles du numérique. Ainsi, l’Eventide Harmonizer — processeur d’effets qui « bousille le temps » selon l’ingénieur — permet de tordre les sons sans contrainte physique. Cet album célèbre représente une nouvelle étape de l’enregistrement en studio : les artistes sont affranchis de l’espace et du temps par la technique.
« Used Cars », Bruce Springteen, 1982
En 1982, Bruce Springsteen publie son album Nebraska, une série de morceaux enregistrés sur le Portastudio, premier enregistreur portable 4-pistes commercialisé en 1979 par Tascam. La qualité audio est jugée suffisamment satisfaisante pour une œuvre non amatrice. L’enregistrement est démocratisé. Le recours coûteux aux studios professionnels n’est plus une fatalité pour les musiciens.
« Super Sharp Shooter », DJ Zinc, 1996
Les logiciels de création musicale sortent sur les ordinateurs grands publics comme l’Amiga, dès 1987. Les possibilités de création, de traitement et de séquençage des sons et des échantillons sont repoussées. Ces innovations font muter la musique électronique et croitre des genres comme la drum’n’bass. De plus, la composition n’est plus réservée aux connaisseurs du solfège ni mêmes aux praticiens d’un instrument de musique : le home studio digitale consacre la MAO pour tous.
« Believe », Cher, 1998
Le célèbre « Believe » de Cher n’est pas seulement un hit majeur de la pop débridée des années 80, il marque l’Histoire par l’utilisation exacerbée de l’autotune, effet de correction de la hauteur d’un son. L’interprétation des musiciens est libérée de toutes imperfections… qui caractérisent pourtant sa singularité ?